Passionnément smoke
Smoke un jour, smoke toujours, tel est devenu ma devise il y a maintenant plus de 5 ans quand je suis tombée sous le charme d’une magnifique femelle british longhair chocolat smoke.
Aujourd’hui j’ai eu envie de partager cette passion infinie pour ces couleurs pour plusieurs raisons.
La première, et non des moindres : J’aime, j’aime et j’aime !! Mais pas que …
Parfois, certaines personnes viennent à moi afin de savoir si tel ou tel chaton est smoke, non que je sois la plus calée dans le domaine, restons humble, mais il y a une raison à cela. D’une part, j’ai un certain nombre de reproducteurs smoke et donc j’en fais naître régulièrement, mais aussi parce que je tends à me consacrer qu’à la naissance de ce type de couleur (ou presque, parce que la génétique ça ne marche pas comme ça) depuis déjà quelques années. Il est donc évident que lorsqu’on se concentre essentiellement sur la présence d’un gène, on creuse, on cherche et on apprend bien plus sur celui-ci que si on travaille sur un panel plus grand . Et puis il faut le dire, quand je suis passionnée, j’aime bien me torturer l’esprit.
Il y a aussi le fait que je vois passer très régulièrement un certain nombre de chatons annoncés comme smoke et qui ne le sont pas. Dans beaucoup de cas, il s’agit simplement d’une méprise, parce qu’il faut bien le dire, quand une couleur naît chez nous pour la première fois et bien ce n’est jamais comme chez les autres. Tant qu’on a pas vu de ses propres yeux sur un de nos chatons, une couleur et sa manière d’évoluer, on peut avoir des milliers de doutes, une photo ou de la théorie, ce n’est jamais la réalité.
Et puis il faut le dire, le gène responsable du smoke est un fourbe !!
Il ne s’exprimera pas de la même manière ou avec la même intensité en fonction de la couleur de « base » (je le met entre guillemet parce que le terme n’est pas correct lorsque l’on parle génétique du chat, mais en bon français, c’est le terme qui convient le mieux) du chat ou de la longueur de son poils (couleurs non diluées, couleurs diluées, bicolore …).
Et puis, et puis … (je ne vais pas me faire que des amis, mais après tout, ce n’est pas mon but! D'ailleurs au final si l'erreur est imputable à la fourberie du gène argent, aucune raison que qui que se soit prenne la mouche, n'est-ce pas ?), il faut bien le dire, pour certains éleveurs, vendre un chaton black smoke, c’est plus vendeur et plus classe que de vendre un chat noir. Ha merde, fallait pas le dire ?
Cela ne concerne qu’une très petite minorité heureusement.
Oui mais le smoke c’est quoi ?
Un poils avec une base argent, donc blanc blanc hein, lumineux, pas une base plus claire grisonnante ou une base plus claire de quelques tons par rapport à la couleur de base, et une pointe colorée (je mettrais d'ailleurs le bazar un peu plus tard dans un article qui suivra, mais pour le moment, on va rester sur ce fait). Alors dit comme ça, cela semble assez simple, sauf que le smoke est une "couleur" dite à effet, c'est-à-dire que dans la théorie, cela ne saute pas aux yeux d'un non initié. De prime abord, par exemple un chat chocolat smoke lorsqu'il est immobile, semble chocolat, le smoke ne se révélant que lorsque le chat est en mouvement, tout du moins, c'est ce que les écrits existant indiquent. Sauf qu'il serait peu judicieux de partir de ce principe, car lorsqu'on commence à avoir l'œil, immobile ou non, dans une grande majorité des cas (il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle) le smoke se voit.
UN TOUT MINI PEU DE GENETIQUE
(parce qu'on a pas trop le choix)
Je ne rentrerais pas dans les détails parce que je n’ai pas la prétention de maîtriser le sujet de bout en bout, mais un minimum est indispensable afin d’éclairer quelques lanternes.
J’ai voulu cette partie indispensable à la fois, ludique, imagée et vulgarisée parce que le reste a déjà été fait et bien mieux que je ne pourrais le faire.
Je suis persuadée que si certains éleveurs ne s’intéressent pas ou semblent ne pas s’intéresser à la génétique des couleurs du chat (qui il faut bien l’avouer est complexe), c’est parce que ce qui existe, à moins d’être passionné, curieux et courageux, est franchement indigeste pour beaucoup.
Le gène responsable de la couleur smoke est le gène silver (il porte bien son nom), il est symbolisé par un « I » comme Inihibitor. Inihibitor parce il empêche la synthèse de la phaeomélanine (promis, j’utiliserais le moins de gros mots possible), pigment jaune, qui colore en autre, la base des poils unis, celle-ci n’étant pas colorée, elle apparaît « blanche ».
En fonction du patrimoine génétique du chat, appelé génotype, sa présence donne lieu aux couleurs smoke ou silver tabby, dont je parlerais dans un autre article.
En image (parce que sérieusement, autrement vous n'allez jamais lire jusqu'au bout), ça donne ça :
C’est un gène à caractère DOMINANT, je le met en majuscule, en gras, en rouge s’il le faut, parce que rien qu’au regard de cela, même sans forcément avoir un œil avisé, mais rien qu’en regardant les parents d’un chaton et/ou son pedigree, n’importe qui peut savoir s’il y a une possibilité ou non qu’un chaton soit smoke.
Concrètement qu’est-ce que cela signifie ?
Un même gène comprend de manière générale deux allèles, un allèle étant une version variable pour un même gène. Chez un individu, l’un des allèles pour un même gène est apporté par la mère, l’autre par le père.
Pour faire simple, le chat a 38 chromosomes, soit 19 paires de chromosomes, sur chaque paire se situe des gènes qui déterminent une caractéristique physique. Chaque gène est présent en deux exemplaires, chacun sur un des deux chromosomes homologues, on en déduit qu'il y a donc deux allèles.
Ces gènes, c’est un peu comme un mini parking d’immeuble dans lequel il y a deux places (une sur chaque chromosome d’une même paire), quoi qu’il arrive, ces deux places sont matérialisées au sol, mais soit elles sont « occupées », soit non. L’emplacement défini et fixe de ces « places de parking » sur un chromosome est appelé Locus.
NB : Dans la nomenclature officielle, le gène silver est noté « I-» et non « Ii » ou « II », comme tous les gènes à caractère dominant. Pour plus de clarté dans les explications et exemples qui suivent, je garderais toutefois les notations peut conventionnelles, « Ii » et « II ».
EXEMPLE :
Maman non smoke, elle ne porte pas le gène argent, ses deux places de parking sont « vides », symboliquement, on notera ce gène « ii »
Papa smoke, il porte le gène argent, l’une de ses places de parking est « occupée » (on dit qu’il est hétérozygote au gène silver), ou les deux (on dit qu’il est homozygote au gène silver), symboliquement, on notera ce gène « Ii » ( smoke hétérozygote) ou « II » (smoke homozygote).
OU
Le caractère dominant signifie donc, qu’il suffit d’un seul allèle silver « I » présent dans le génotype pour que cette caractéristique physique se voit (les caractéristiques physiques qui se voient, constituent le phénotype, en opposition au génotype, qui lui englobe toutes les caractéristiques physiques d’un individu, porté par son patrimoine génétique mais qui ne sont pas forcément visibles), on dit qu’elle s’exprime.
Ainsi on comprend que pour qu’un chaton soit smoke, il faut obligatoirement que ce gène silver soit présent sur l’un de ses parents (un parent smoke ou silver tabby, peu importe, puisque l’un comme l’autre possède au moins un allèle « I »). En effet, deux parents non smoke sont obligatoirement « ii », donc vous pouvez essayer toutes les combinaisons possibles, jamais au grand jamais « ii » croisé avec « ii », ne donnera un chaton « Ii ».
J’ai quatre places de parking vides et pas de voiture, je peux faire tout ce que je veux, aucune voiture ne va apparaître par magie !! cqfd
EN PRATIQUE
Alors tout ça, c’est la théorie sur laquelle nous nous basons, elle est utile et indispensable, mais malheureusement dans la réalité, cela ne reste que de la théorie.
Pourquoi ?
Parce qu’au jour d’aujourd’hui, nous disposons de ces connaissances, mais nous n’avons aucun moyen à notre disposition, pour vérifier par ADN, si un chat est smoke ou ne l’est pas. Concrètement, cela signifie que nous n’avons que nos yeux et les pedigrees de nos chats, pour nous permettre de dire tel chat est smoke ou ne l’est pas.
Comme vous pouvez vous en douter, les méthodes dont nous disposons ont des limites indéniables qui parfois nous font commettre des erreurs malgré nous.
D’une part, parce qu’une erreur dans un pedigree, ça existe ! Serait bien hypocrite celui qui prétendrait le contraire.
Certains chats dont l’un des parents est silver tabby ou smoke, ont été déclaré smoke à tort. Visuellement, le chaton durant ces premières semaines de vie, pouvait faire penser à un chaton smoke. Lors de sa demande de pedigree, le mariage déclaré pouvant donner naissance à un chaton smoke, le LOOF n’a relevé aucune incohérence et a validé le pedigree (la demande de pedigree est faite par une déclaration sur l'honneur du propriétaire de la chatte, nous ne fournissons aucune photo par exemple, sauf en cas d'incohérence). Une erreur de ce type peut ainsi d’ailleurs se retrouver sur plusieurs générations.
D’autre part, parce que nos yeux restent nos yeux et qu’il est très facile de se laisser « berner » par l’aspect visuel du poils d’un chaton, sachant que comme je le disais, le gène silver est sournois.
Depuis maintenant 5 ans, je cherche, collecte et observe de multiples photos de chaton possiblement smoke afin de trouver, en fonction des couleurs, des petites astuces qui me permettront de déterminer rapidement à l’œil, si un chaton est smoke ou ne l’est pas. Pourquoi ? Et bien parce que comme beaucoup, je me suis trompée à mes débuts et je n’aime pas ça. L’idée d’avoir pu placer un chaton que j’ai déclaré d’une couleur alors qu’il ne l’est de toute évidence pas au regard des photos de ce même chat devenu adulte, me met mal à l’aise et je pense que je ne dois pas être la seule éleveuse dans ce cas.
Voilà pourquoi, sans aucune prétention, mais dans l’intention bienveillante de partager le fruit de ce long travail, d'autres articles vont suivre afin d'essayer d'aider au mieux ceux qui le souhaiteront. Toutes les couleurs possibles et imaginables combinées au gène silver ne seront pas traitées et j’évoquerais, pour le moment, peu le smoke sur le poils court, pour plusieurs raisons :
La première : On maîtrise mieux ce que l’on travaille tout simplement !
Il est très difficile de trouver des photos de chat vraiment smoke dans certaines couleurs, et encore plus, d’avoir la chance de pouvoir avoir celles qui sont nécessaires à l’observation de l’évolution d’un chaton, les couleurs smoke étant finalement peu répandues, bien que cela commence à ne plus être vrai.
Les possibilités de combinaisons de couleurs sont tellement étendues, que je suis vraiment très loin d’avoir tout exploré.
Je vous remercie de m'avoir lu et espère avoir suffisamment piqué votre curiosité pour que vous ayez le désir de lire mes prochains articles sur ce sujet intarissable (mes amis éleveurs vous confirmerons que si le sujet ne l'est pas, je le suis) ou presque.